Bien évidemment quand on lui avait dit qu'une réunion était prévue pour parler du budget à tous les Capitaines, Ayame avait sourit en précisant qu'elle était ravie d'y assister. Et c'est tout gentiment qu'elle avait remercié le membre du Conseil en charge de la lourde tâche d'être venu jusque dans sa classe pour l'y inviter. Mais autant être sincère, au fond, la brune avait envie de plaquer ce crétin d'enquiquineur au sol afin d'écraser son visage bouffi avec son pied. Depuis sa nomination au Conseil, il avait pris la grosse tête, ce petit senpai pourtant inconnu pour certains.

Ayame rageait intérieurement : c'était toujours au dernier moment avec eux ! Si elle avait prévu quelque chose, elle pouvait tout aussi bien aller se faire voir en somme. Sa présence, même si gentiment expliqué, était obligatoire. L'ancienne gourdasse de Capitaine avait oublié de lui préciser qu'elle allait être harcelée pour des choses aussi superflues que le budget des autres clubs. Le sien n'était pas très dépensier et méritait largement d'être laissé tranquille : tant que ses filles gagnaient des matchs, aucune raison de la forcer à rester au lycée pour écouter le monologue aussi pénible que l'élève en charge de ceci pouvait être laid.

La fille tapa donc rapidement un SMS pour sa mère, l'informant de cette réunion rapide et imprévue. Aaaah, elle qui rêvait de la tarte au citron qui l'attendait dans sa cuisine … Douloureuse attente. Son sac en main, Ayame salua gentiment les élèves de sa classe encore restants avec un faux sourire et un ton léger. Bande de décérébrés mentaux qui étaient là, à lui souhaiter bonne chance ! Elle était où sa chance, hein ?!

Se dirigeant vers la salle du Conseil qui allait voir débarquer bientôt ses homologues sportifs, Ayame soupira discrètement. Sincèrement, en ce moment, elle ne pouvait blairer personne. Elle avait envie de mordre tous ceux qui lui adresser la parole, soit les trois quart du lycée. Mais il fallait sourire, faire la gentille.

Poussant la porte menant à la salle de réunion, la brune regarda autour d'elle. Le club de golf était représenté par un garçon plus âgé qu'elle et dont la cuti ne devait définitivement pas être tournée vers les filles. Avec un tel bas d'uniforme pour le sport qu'il représentait, c'était comme voir un phare en pleine nuit. Ayame ne supportait pas ses manières de Prince qui se croyait être la cible de tous les malheurs du monde. Elle avait juste envie de prendre son club chéri – cadeau transmis de Capitaine en Capitaine- et de lui enfoncer par la bouche jusqu'à atteindre son estomac. Peut-être qu'il resterait silencieux ainsi …

Regardant une seconde fois l'ensemble de la pièce, Ayame finit par trouver un visage familier et supportable. Glissant vers lui, elle prit place sur le siège juste à côté, ignorant la vingtaine de chaises de libres autour de la table.

« Bonjour, Hanamiya-kun ! Je suis contente de te voir ! »

Fusillant du regard au passage la Capitaine du club de Tennis qui comptait visiblement s'asseoir juste à la droite du garçon, la seconde année n'en garda qu'un petit sourire. Pour qui se prenait-elle au juste, à s'approcher ainsi de Hanamiya ?! Sombre crétine !

« Cette réunion s'annonce si pénible, je suis bien contente de pouvoir rester près de toi »

Ayame jouait son plus bel air d'innocente fille, un jeu d'actrice méritant un Oscar. Oui, elle aimait vraiment rester près du garçon parce qu'elle savait qu'elle n'avait pas toujours à garder son masque parfait en place. Que quelques déboires seraient normales puisque lui-même était un sacré imposteur. Depuis l'accident avec ce Kiyoshi, la brune avait flashé sur lui, pour faire simple. Ce côté manipulateur, menteur et mauvais jusque dans l'âme … Le tout lui plaisait, elle n'allait laisser personne lui voler le lycéen.

Les autres Capitaines avaient pris place à leur tour, Ayame ayant dorénavant le trop maniéré golfeur à sa gauche. Ô joie ! Se concentrer sur Hanamiya, juste se concentrer sur lui …
La brune continuait de sourire au basketteur, battant doucement des cils.

Le coude gauche posé sur la table, Ayame s'était tournée vers Hanamiya de façon à bien plus le voir. Et accessoirement, à mieux observer la capitaine du club de tennis. Elle la fixait sans cligner des yeux, cette espèce d’empotée qui avait toujours la vilaine habitude de remonter un peu sa jupe. Une espèce de salop- …

Et le brun qui la saluait en plus ! C'était bien un garçon ça, toujours plus attiré par un morceau de peau qui aurait du rester secret. Face à une dévergondée pareil, Ayame aurait espéré que son homologue de Basket aurait eu un peu plus de jugeote ! Bon sang, voilà pourquoi elle devait empêcher toutes ces filles de venir faire leur ridicule manège de séduction. Non mais quelle pimbêche !

Ses ongles tapotaient la surface rigide de la table en imaginant sa nouvelle manucure lacérer le visage de cette piètre rivale. Elle était tellement ridicule, Ayame en avait presque pitié. Et même pour faire semblant, devenir son amie était tout simplement impossible. Elle en éprouvait une espèce de répulsion qui pourrait mener à une crise d'allergie. Cette fille était un point noir.

La salle se remplissait de plus en plus de visages familiers. Que des secondes et dernières années. Les petits jeunes de premières année étaient bien trop immatures ou trop prétentieux pour avoir le poste de Capitaine. Aaaaah, Ayame songeait déjà à la difficulté l'attendant avant son départ à l'université : aucune fille pour l'instant ne semblait prête à pouvoir la remplacer après. Encore heureux qu'il lui reste du temps.

« Allons, ne dis pas ça, Hidenori-san. C'est important ce genre de discussion. Tu n'as pas envie qu'on te coupe ton budget, n'est-ce pas ? »

« Si on calcule le budget sur les résultats de l'Interhigh, il ne devrait pas y avoir de soucis »

L'équipe féminine avait eu une très belle place qui devrait suffire pour garder le budget. Peut-être qu'il y aurait un petit extra cette fois ci ! Mais l'équipe masculine n'allait pas pouvoir en dire de même. S'arrêter aux préliminaires, c'était plutôt moche. Et Ayame l'avouait, elle refuser net d'avoir des résultats plus faibles que ceux des garçons. Ses rivales étaient également très puissantes, mais elle était confiante. Et elle avait une revanche à prendre.

Cette réunion promettait vraiment de lui prendre le chou. Après un petit speech bien soporifique, chacun des clubs allait voir ses résultats exposés aux yeux de chacun et la décision qui serait prise. La brune regarda le Capitaine du Club de Tir à l'Arc se dresser comme un « i » sur sa chaise. A ses côtés, la fille du même club venait de l'imiter. Simple hasard ou fait bien préparé, les Capitaines féminins et masculins de chaque club s'étaient placés côte à côte. Les choses seraient plus simples ainsi après tout.

Voyant que les autres se permettaient de discuter à basse voix malgré tout, Ayame ne vit pas pourquoi elle allait s'en priver également. Elle attira l'attention de Hanamiya et afficha un sourire enjôleur :

« A l'occasion, il faudrait qu'on se voir en dehors du lycée un jour. C'est tellement dommage de ne pas passer plus de temps ensemble, tu ne trouves pas ? »

Remarquant que Miss Tennis jouait avec les cheveux de sa queue de cheval dans l'espoir d'attirer également l'attention du brun, Ayame serra les dents et se redressa sur sa chaise. Pathétique tentative, elle espérait qu'elle allait se prendre le doigt dans un nœud et se faire mal. Pauvre nunuche …

Bref, elle espérait vraiment que le garçon allait accepter sa façon détournée de parler d'un rendez-vous. Ayame était certes, très prises par ses répétitions de violon, puisque qu'une nouvelle représentation se préparait mais pour Hanamiya, elle allait bien arriver à se libérer. D'ailleurs, en parlant de violon, elle allait sans doute croiser le petit piment. Ce gosse était tellement unique, elle s'en réjouissant d'avance. A la fois de le croiser et de l'entendre jouer.

Le club de Tir à l'Arc semblait être dans un monde de béatitude tandis que c'était au tour du club de Golf de connaître le sort de leur budget.

Il n'y avait pas de d'autres sentiment qu'un profond amusement qu'Ayame pouvait ressentir à ce moment présent. Ayant décider d'oublier la gonzesse de fille facile alias la tenniswoman, la brune pouvait entièrement se concentrer sur Hanamiya. Et c'était préférable car la capitaine allait finir par lui faire bouffer son violon entier à ce rythme là. Ah voilà, les autres étaient vraiment des cibles pour soulager a violence, à croire que c'était un fait exprès.

« Peut-être... Enfin, je ne vois pas l'intérêt, j'ai très bien vécu jusque là sans te voir en dehors des cours. Pourquoi changer ? »

Ayame perdit un peu de superbe à ces mots. Désarçonnée mai hors de course, elle travailla sa réponse le temps que le garçon fasse éloge de son club au crétin de Président. Elle se referma un peu sur elle-même, n'écoutant que vaguement les dires de son homologue. Blablabla « bons résultats », blablabla « augmentation du budget », blablabla « première place pour la prochaine fois ». Sale petite fouine hypocrite.

Elle capta parfaitement le sourire moqueur en coin de Hanamiya. S'il y avait eu moins de monde, Ayame lui aurait envoyé un bisou. La provocation, c'était son dada.
Tout comme l'avait fait le garçon juste avant, la capitaine qu'elle était annonça ses résultats, annonçant la place que son équipe avait su atteindre lors de l'Interhigh. A son tour, elle lança un regard moqueur au brun, qui n'avait malheureusement pas pu se hisser aussi haut. Ah, quel dommage.

Non, ils n'étaient pas comme le club de natation, à se tenir la main amoureusement sous la table et à échanger des œillades passionnées. Hanamiya et elle, c'était plus « A la guerre, comme la guerre ». Sa piètre tentative plus tôt pour la faire lâcher n'était pas du au niveau. Très insatisfaisant.

Après tout, « Peut-être » n'était pas « Non » et sa tirade n'était certainement pas catégorique. Absolument rien pour la faire dégager. Et puis, c'était connu : la haine et l'amour sont des sentiments très proches. Un rien suffisait à faire basculer de l'un à l'autre.

Après avoir finit son speech, Ayame se rassit et regarda franchement Hanamiya dans les yeux. Il avait posé une question, il lui fallait bien une réponse.

« Pourquoi changer ? Parce que »

Elle indiqua la direction des Capitaines de Natation d'un coup de menton.

« Tu t'imagines gazouillant des mamours à longueur de journées comme eux ? Moi, ça me donne envie de vomir »

Gerber tripes et boyaux serait plus exact. C'était tellement … répugnant ! A presque se laver mutuellement la glotte tous les jours, quelle horreur. Surtout de devoir imposer ça aux autres.

« Alors que toi et moi … Et bien, je suppose qu'on sait très bien de quoi est capable l'autre. Pas de faux semblants, ni de guimauve. Pouvoir se tenir mutuellement tête, ça s'est du challenge »

Pas besoin de garder le masque figé, ça allait finir en coincement de nerfs cette histoire.

« Après, tu sais … un garçon qui refuse aussi … ardemment les sentiments d'une fille … soit c'est un petit garçon qui va pleurer dans les jupes de sa mère parce c'est un trouillard … soit c'est une tapette qui lit BexBOY le soir dans son lit. Hanamiya-kun, dis-moi si si je chauffe, après tout, je tente de deviner puisqu'on ne se voit pas en dehors des cours »

Les chances se grillaient de plus en plus mais tant pis. Les vannes étaient ouvertes.